Carton à dessin…feuille78

Le croquis du mois…

Des cocons?…des bulles ?…sortis tout droit d’un synopsis d’un film SF des années 50? ou de celui aux formes arrondies, à la fois psychédéliques, poétiques et techniques d’un film des années 70?

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Qui est l’auteur de ce dessin et de quel bâtiment s’agit-il?

*la série « carton à dessin…feuille » se présente comme un quiz. Trouver quel est le bâtiment dessiné construit et celui qui se cache derrière le dessin. Le dessin est la première communication  de la réalisation future. L’architecte exprime en quelques traits les intentions fortes qu’il va exprimer dans le projet.

Réponse : 

Dans les années 60/70, face à l’industrialisation de l’architecture, un mouvement vers des formes plus intuitives apparaît : l’architecture sculpture ou la sculpture architecture.

« La sculpture architecture peut être une pépinière de formes nouvelles. Elle permettra le développement d’un art individualiste, une œuvre faite par un seul, face à l’autre pôle de l’architecture, totalement industrialisé ». Michel Ragon, critique et membre fondateur GIAP

le Palais Bulles, villa mythique de Pierre Cardin par Antti Lovag architecte

Le palais bulles de Pierre Cardin Antti Lovag architecte.

L’architecture dite « bulle » fait partie de cet élan créatif aux formes nouvelles. Les architectes A Lovag, P Hauserman, J Couelle, C. Hauserman Costy  ainsi que l’auteur du dessin ci-dessus Jean Louis Rey dit Jean Louis Chanéac proposent une nouvelle façon de concevoir l’espace, se voulant plus proche de l’humain.

« L’architecture ne m’intéresse pas. C’est l’homme, l’espace humain, qui m’intéresse ; créer une enveloppe autour des besoins de l’homme. Je travaille comme un tailleur, je fais des enveloppes sur mesure. Des enveloppes déformables à volonté.  » Antti Lovag architecte « habitologue »

Certains, comme P Hauserman et J.L. Chanéac font partie du GIAP, fondé entre autre par Y Friedman, et Michel Ragon. Les membres du GIAP, groupe international d’architecture prospective, font des recherches sur de nouvelles approches urbaines et architecturales.

Bien avant son adhésion au groupe, J.L. Chanéac milite depuis 1958 pour « l’implantation libre de cellules individuelles, évolutives et mobiles ». Ses recherches l’amène à explorer les matériaux plastiques qui s’adaptent aux formes organiques. Il aspire à un habitat pour le plus grand nombre et développe le concept d’ « Architecture Industrialisée Poétisée ».

Vue intérieure d’un bâtiment à cellules polyvalentes en plastique, 1960-1961 – FRAC Centre

Les recherches sur les matériaux ont pour objectif d’obtenir des coques en adéquation avec l’esprit d’enveloppe de cette architecture. A l’époque, les coques sont conçues en  voile de béton avec ferraillage de poutres. Mais l’organique artisanal va laisser place aux matériaux issus de l’industrie pétrochimique. Le polyester renforcé de fibres de verre aux potentialités d’industrialisation forte, répond aux préoccupations de ceux comme Jean Louis Chanéac qui milite pour un habitat pour le plus grand nombre.

FRAC Centre – Maquette – Cellules amphores – 1973 ©Philippe Magnon

Mais ces structures en forme de capsules spatiales vont prolifèrer quelques années après quoi de nouvelles règles d’urbanisme musèleront les créateurs.

« Mes recherches prospectives ont commencé au début des années 1960, époque à laquelle tout semblait possible. On pouvait imaginer à partir de fantastiques possibilités techniques (bien réelles) et de rapports sociaux nouveaux (utopiques) une société industrielle idéalisée. Au début des années 1970, ces possibilités étaient toujours bien réelles, mais la croissance économique sur laquelle nous avions tablé pour créer une plus-value a engendré la prolifération d’espaces simplistes traités comme une marchandise à découper en lots. » J L Chanéac

Jean Louis Chanéac (1931-1993)

Dès le début des années 1960, J.L. Chanéac, peintre de formation, travaille sur des maquettes puis des prototypes de « cellules polyvalentes et proliférantes », destinées à être industrialisées. Il imagine des constructions organiques, évolutives et mobiles, formées d’une combinaison d’éléments pouvant se juxtaposer les uns aux autres selon les besoins de leurs habitants.

A l’architecture-sculpture réservée à une élite financière, il oppose des formes libres et optimistes pour le plus grand nombre grâce aux matériaux de synthèse en vogue à l’époque (stratifié, résine, polyester armé de fibre de verre, mousse).

En 1965, il rejoint le Groupe International d’Architecture Prospective.

En mai 1968, dans son Manifeste de l’architecture insurrectionnelle, il prône l’installation de cellules parasites se greffant sur des réalisations existantes. Il met en œuvre cette idée avec la complicité de Pascal Hausermann et de Marcel Lachat et, en 1970, Marcel accroche une « bulle Pirate » à la fenêtre de son appartement de Genève.

FRAC Centre – maquette ville cratère 1963 – ©Philippe Magnon

En 1969, ses travaux sur la ville cratères sont récompensés par le Grand prix international d’urbanisme et d’architecture (Nombre d’or) décerné par Louis Kahn, Jean Prouvé, Bruno Zevi.

Il n’est admis à l’Ordre des architectes qu’en 1972, après des débats mouvementés dus à sa liberté d’esprit.

Réalisations

maison de J.L. Chanéac à Aix les bains – 1976
Châtillon-en-Michaille – Marché aux Meubles – construit en 1970 – détruit en savoir plus ICI

Dans les années 80, il sera l’auteur de nombreuses architectures en Haute-Savoie dans une approche régionaliste.

Plus d’info

Sur Jean Louis Chanéac … le site du FRAC Centre

La maison de Jean Louis Chanéac se visite voir avec la Maison de l’architecture de Savoie

(*) Le dessin représente une étude de Jean Louis Chanéac pour un village SOS, une colonie de vacances. Il fait partie des collections du FRAC Centre et est visible jusqu’au 12 février dans l’expo « Tous à la plage » de la cité de l’architecture et du patrimoine

 

 

Carton à dessin…feuille78

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